1 an après, retour sur le genre d’Obladi
Je profite d’une lettre envoyée à mon amie Alice pour faire un premier bilan de notre démarche d’obstruction autour du genre d’Obladi…
Chère Alice,
Merci pour ta carte postale cet été 🙂 On a envoyé pas mal de faire-part et ça m’a fait plaisir à chaque fois que quelqu’an a répondu et a donné des nouvelles au passage… ça a une saveur toute spéciale quand ça m’évoque nos 11 ans au club photo du collège par exemple (puisqu’il a produit mes principales traces visuelles de cet époque).
À propos du genre d’Obladi, je suis contenx que notre démarche t’intéresse et te parle. Elle est, comme tu l’as relevé, assez expérimentale pour se questionner sur ses effets et son avenir.
Des réactions différentes
La famille était déjà prévenue de notre choix à l’avance.
Une partie a dès le premier jour (on était encore à la maternité) été très mal à l’aise que nous n’annoncions pas le genre (le sexe!) à la naissance. Était-ce une blague ?! Pour ces personnes là : court temps de réflexion, consultation des meilleurs amiz, et finalement décision de leur révéler. Dans des contextes tendus, il n’est pas apparu souhaitable et nécessaire de teinter de colère et d’incompréhension l’arrivée du bébé.
Une autre partie ont sans doute eu plus d’opportunité de discuter avec moi de mes frustrations concernant le genre et de nos questionnements quant à une éducation la moins genrée possible pour Obladi. Avec elleux, nous avons eu moins (voire pas du tout) de critiques.
…Et puis un jour, bêtement, à un moment j’ai partagé une photo d’Obladi au bain, en oubliant qu’on devinait le sexe dessus !
Les pronoms
Dans notre coloc, le mystère à duré un petit mois. On alternait « il » et « elle », mais on a été rattrappæs par l’habitude et le genre correspondant à son sexe s’imposait quand même un peu.
Globalement, autant nous avions envie de faire l’effort verbal, autant nous n’avions pas envie de l’exiger de nos proches. Bref : quand les gens savent, als n’utilisent plus qu’un seul pronom, et à force nous avons tendance à le faire aussi la plupart du temps. Maintenant, il y a aussi la crêche, les nounous, les babysitters, et c’est de plus en plus difficile de prolonger nos efforts.
L’opération a donc fait long feu !
Le principal obstacle, c’est la maîtrise des pronoms car les membres de la famille d’Obladi veut pouvoir en parler et sont plus ou moins crispæs à l’idée de mégenrer l’enfant. C’est donc le sujet n°1, et sans doute aurions-nous du s’entraîner avant la naissance à utiliser des pronoms neutres à l’oral, et aussi aider nos proches à s’en saisir ? En tout cas, à l’écrit je continue d’utiliser le neutre parce que je le maîtrise bien à force de l’utiliser pour me désigner.
Je continue à faire des erreurs d’accord d’adjectif, et à choisir des qualificatifs connotés de l’autre genre en alternance. Je continue à répondre n’importe comment aux passants qui me demande son genre. En ce moment soit je vais dans leur sens, soit je les contredit, et ce quelle que soit leur hypothèse. En effet beaucoup d’entre elleux, refusent que je ne leur révèle pas, et posent la question jusqu’à ce que je confirme un genre ou l’autre.
Les autres artefacts
Les habits jouent beaucoup à mon avis. Quand on voit un bébé habillé avec beaucoup de couleurs, du rose, des fleurs ou des licornes, on a tendance à le prendre pour une fille. À l’inverse, les vêtements des garçons sont gris, bleus, verts, foncés, en jean, avec des camions, des dinosaures… Il se trouve qu’on avait récupéré des vêtements des deux genres, et qu’on a enlevé ceux qui ne nous plaisait pas, notamment parce qu’ils étaient trop genrés. Je pense que pour tout le monde, y compris nous, au quotidien ça a une influence sur la façon dont on perçoit Obladi et dont on s’adresse à al.
Ça et le prénom épicène. D’ailleurs celleux qui considère Obladi comme une fille rajoutent un E à la fin.
Et malgré tout…
Même si la bataille verbale semble terminée, pour Ulysse et moi tous ces efforts ont porté des fruits : on regarde Obladi ni vraiment comme un garçon, ni vraiment comme une fille. C’est d’autant plus intéressant du côté d’Ulysse qui n’a pas été sensibilisé à la non-binarité avant de me rencontrer. Nos comportements à nous, ses parents, sont à mon avis moins genré à son égard que si on n’avait rien fait. Ça plaide à mon avis en faveur de continuer les efforts, car ça toujours ça de gagné !
Quelques nouvelles
Voilà ! Sinon, tout va bien en ce moment. Obladi marche en s’appuyant et en poussant des trucs : on attend le jour où al se décollera. Al fait de belles nuits de 12-13h. Ces jours-ci, al traverse la varicelle.
Tout est intéressant lu concernant, c’est vraiment l’aventure : je suis comblæ !
On a eu un automne difficile, avec un déménagement mi-subi (qui a envie de déménager avec un bébé?), mi-providentiel (affranchissement de la maison familiale et des problèmes liés, praticité de l’appart en centre-ville).
Je commence un premier contrat d’assistanx en plomberie le 3 mars.
À toi : donnes-moi des nouvelles ! Bises,
Margot
